Tu as peut-être déjà entendu le terme « mystique ». Ce mot apparaît dans nos médias et notre culture. Il décrit quelqu’un d’autre, d’ascétique, avec une forte connexion spirituelle. Dans mon contexte occidental, ces références caractérisaient souvent les mystiques comme des étrangers exotiques. Je ne me souviens pas avoir entendu ce terme lorsque j’étais enfant dans l’Église.
Je découvre la mystique chrétienne au cours de mes études sur l’histoire du christianisme. Il s’agit d’une tradition riche, longue et continue. Une tradition qui plonge ses racines dans le judaïsme du second temple. Elle s’est élargie avec l’effusion du Saint-Esprit à la Pentecôte et la propagation de l’Église primitive. Elle s’est répandue dans presque toutes les confessions au cours des deux derniers millénaires.
La mystique chrétienne est un chemin de préparation, d’ouverture et de pratique qui recherche des expériences directes et transformatrices avec Dieu. Depuis les premiers jours de l’Église, des personnes ont cherché à rencontrer Dieu de cette manière. Elle traverse toutes les dénominations, même si le langage utilisé diffère souvent. Je vous invite à consulter une liste de mystiques chrétiens influents et de leurs écrits (désole en anglais).
Pendant les premiers siècles de l’Église, le mysticisme était appelé en latin contemplatio – ou contemplation. La contemplation, dans ce contexte, est un autre terme mal compris dans l’usage courant. Être contemplatif implique de s’asseoir en silence et de calmer son corps et son esprit. Permettre à toutes les pensées et à tous les sentiments de se présenter à soi. Chacune est vue, sentie et examinée pour discerner si elle vient de nous-mêmes ou de Dieu. Cela se fait généralement de manière explicite, sans direction, contexte ou refrain. Le mysticisme peut aussi impliquer des expériences beaucoup plus vives et ressenties avec Dieu.
Avec les Profondeurs de la Connaissance et de la Sagesse
Dans mon expérience de repos et de silence avec Dieu, je découvre que je me rencontre surtout moi-même. Mes pensées, mes biais, mes sentiments. C’est pourquoi le plus grand défi du mysticisme, c’est nous-mêmes. C’est aussi la raison pour laquelle ces pratiques ont été si transformatrices pour moi personnellement.
Mon expérience du mysticisme a été un exercice consistant à « capturer chaque pensée ». Chercher les façons dont je me montre à moi-même. Voir comment Dieu se montre à moi. Une attente pleine d’espoir que le divin de Dieu soit présent avec moi d’une manière qui n’est certainement pas moi.
Pour réaliser cela avec confiance, nous devons développer deux choses. Nous devons nous connaître profondément, connaître notre monde émotionnel, nos biais, nos penchants, notre histoire et notre contexte présent. Ensuite, nous devons connaître en profondeur la personne de Jésus, dans la Bible. Dans les Écritures de la Bible, Dieu n’est pas présenté d’une manière unique et unifiée. Au contraire, d’innombrables personnes parlent de Dieu à partir de leur compréhension, de leur perspective et de leur expérience. Jésus est différent. Nous lisons toujours sur Jésus à travers les expériences et les histoires des autres. Pourtant, le voile nuageux entre le divin et la création n’a jamais été aussi mince. Comme Jésus nous l’a enseigné, nous voyons le Père en Jésus.
Ainsi, nous reposons dans la prière et dans le calme. Nous invitons le silence et en faisons l’expérience. Nous accueillons nous-mêmes et nous accueillons Dieu. Nous nous permettons de nous passer au travers de nous-mêmes et retournons à l’attente tranquille dans l’obscurité avec l’Esprit Saint. Peut-être qu’aujourd’hui, Dieu nous touchera de manière douce et subtile.
Il n’y a pas de Tradition Unique
Il existe de nombreuses traditions au sein du christianisme. Chacune d’entre elles nous invite à devenir moins, à être brisés et humiliés par le Père. Le mysticisme peut nous induire en erreur. En mettant l’accent sur les expériences avec Dieu, il peut facilement devenir une idole pour nous. Nous pouvons nous retrouver à croire que ces expériences sont le but de la vie. Nous élevons notre espoir pour ces moments au-dessus du Dieu même avec lequel nous espérons demeurer, vivre, et qui nous donne la vie. L’amour et la présence de Dieu sont des cadeaux que l’on ne peut jamais gagner, mériter ou commander.
Souvenons-nous. Suivre Jésus signifie que nous continuons son œuvre. Réfléchissons une fois de plus aux premiers mots d’Isaïe 61. Jésus a proclamé ces mots sur lui-même et sur l’œuvre qu’il a été envoyé accomplir. L’œuvre que nous continuons à accomplir avec Jésus dans notre monde.
"L'Esprit du Seigneur est sur moi,
parce qu'il m'a consacré par onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres;
il m'a envoyé pour proclamer aux prisonniers la délivrance,
aux aveugles le recouvrement de la vue,
pour renvoyer libres les opprimés,
pour proclamer une année de grâce du Seigneur."
Luc 4:18-19/Isaïe 61 (S21)